J’ai été invité à participer aux rencontres Wikimedia France sur une table ronde « de la production à l’utilisation de ressources éducatives libres ». Quand je construis une séquence pédagogique dans mon Espace Public Numérique, l’un de mes objectifs est que celle-ci puisse être intégralement reproduite par l’usager en dehors de l’EPN. En ce sens, l’utilisation des logiciels libres est une évidence. Cependant, au-delà de l’entrée logicielle, il me semble primordial que les médiateurs numériques puissent également éduquer aux enjeux et à la culture libre.
Pourquoi parler du libre ?
Le libre ce n’est pas que l’aspect logiciel ou Linux, c’est aussi et surtout une culture. Éduquer à la culture libre, c’est éduquer l’usager aux enjeux de société dans laquelle il évolue. En effet, notre société évolue vers une société plus ouverte, plus transparente. Ce n’est pas le fruit du hasard si le portail gouvernemental de l’open data vient de fêter son premier anniversaire. Comment est-il possible d’expliquer l’open data sans parler de la culture libre ? Cela vaut aussi pour l’utilisation de Wikipédia. Il n’est pas besoin d’attendre que l’élève soit en Master pour aborder ces questions. C’est ce que j’ai tenté de démontrer avec des enfants de deuxième année de maternelle.
Dessine-moi un manchot.
Avec un groupe d’enfants de 3-4 ans, j’ai conduit une activité de dessin sur ordinateur à l’aide de l’excellent logiciel Tuxpaint. Une fois imprimé, j’ai interrogé mes artistes en herbe sur la possibilité de faire une copie de leur œuvre pour l’afficher dans l’EPN. Puis par binôme, j’ai proposé à Pierre de modifier le dessin de Paul et inversement en ajoutant des gommettes autocollantes. Avant cette petite séance de remix, j’ai procédé à une copie de l’original. Ce qui est intéressant, c’est lorsque j’ai interrogé Paul sur l’auteur du dessin qu’il avait lui-même remixé, il a su naturellement me dire que Pierre en était l’auteur original, mais que lui avaient juste ajouté les gommettes. En l’espace d’une séance, les élèves de maternelle avaient été sensibilisés aux licences Creative Commons !
Effet collatéral de la séance « mon premier dessin sur ordinateur », les enfants ont fièrement montré à leurs parents leur premier chef-d’œuvre numérique. J’ai bien sûr indiqué à chacun d’entre eux le nom du logiciel à télécharger en leur proposant même de leur céder sur une clef USB. Il a fallu que je leur explique, que c’était non seulement gratuit, mais aussi et surtout 100 % légal. Cela m’a permis de leur citer le site de Framasoft comme référence.
Plutôt que d’expliquer les principes du libre, les libertés fondamentales, la vie de Richard Stallman, j’ai opté pour procéder pas à pas en ne prenant en compte que les besoins du public. Quand je parviens à répondre à une demande de l’usager, il est ensuite plus aisé de l’emmener vers des mondes numériques plus lointains.
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